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Améliorer le réseau d’observation

L'observation in situ est le point de départ de toute prévision météorologique. Descriptions qualitatives du ciel ou mesures de paramètres physiques de l'atmosphère, toutes les observations doivent être méticuleusement définies, normalisées, sélectionnées et organisées pour concourir à mieux comprendre et prévoir les phénomènes météorologiques. Ces données constituent aussi la matière première utilisée par le climatologue pour étudier le climat. Le monde de l'observation météorologique s'est ainsi structuré pour fournir des données de qualité, capables de renseigner ces modèles et d'aider à l'interprétation de leurs résultats. 

Ces activités sont conditionnées par le développement et le renouvellement des moyens de recueil et de traitement de données et des outils de calcul numérique de pointe. Pour cela, Météo-France exploite à la fois des moyens d’expérimentation (drones, avions…) afin d’améliorer la compréhension des processus physiques à l’œuvre dans l’atmosphère et valider le comportement des modèles de prévision numérique mais aussi des réseaux d’observations terrestres, en mer ou satellitaires, propres à Météo-France (stations automatiques, radars…) ou mutualisés à l’échelle internationale. Enfin, l’établissement a recours à l’observation participative, qui permet de recueillir auprès du public des informations précieuses pour la validation et l’exploitation des sorties de modèles. Il offre aussi l’opportunité de suivre les phénomènes météorologiques remarquables et leurs impacts, notamment en cas de vigilance.

Mise en service de nouveaux radars

Le radar de Noyal-Pontivy (Morbihan)- © Météo-France, Jean-Noël Aze

En collaboration avec la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) du ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES), Météo-France a poursuivi l'extension de son réseau de radars hydro-météorologiques avec l'installation et la mise en service de deux nouveaux radars : sur les hauteurs d’Ajaccio (décembre 2017) et à Noyal-Pontivy dans le Morbihan (novembre 2018). Parallèlement, l’établissement a poursuivi le renouvellement du parc de radars existants avec le remplacement du radar de Bourges en juillet 2018. Toutes ces opérations ont été financées à parts égales par Météo-France et le MTES.

Le radar à bande C d’Ajaccio, opérationnel depuis juillet 2018, apporte une meilleure couverture de la partie occidentale de la Corse en cas de pluies violentes et de crues des rivières locales.

Le radar à bande X, installé sur la commune de Noyal-Pontivy (Morbihan) et opérationnel depuis mars 2019, permet lui d’améliorer la détection et la mesure des précipitations sur le centre Bretagne. Son intérêt stratégique d’un point de vue hydro-météorologique est également important puisque plusieurs rivières se jetant dans l'Atlantique sont sujettes à débordement dans cette zone.

Météo-France engagé dans le programme Copernicus

Météo-France a renforcé son implication dans le programme européen de surveillance et de suivi de la Terre, Copernicus, dont l’objectif est de délivrer gratuitement et de façon opérationnelle des données satellite et des services liés à l’environnement aux échelles globales et européennes. Déjà prestataire sur de nombreux services dont le service Atmosphère (Copernicus Atmosphere Monitoring Service, CAMS, qui fournit la composition de l'atmosphère) depuis 2015, Météo-France a renforcé son implication dans le service dédié au changement climatique Copernicus Climate Change (C3S), en élargissant ses contributions à toutes les composantes du service (définition de variables climatiques essentielles, prévisions saisonnières, indicateurs sectorisés…).

En 2018, plusieurs contrats se terminant ont été reconduits pour couvrir la fin de période du programme 2018/2021, dont le contrat de fourniture opérationnelle de prévision d'ensemble de qualité de l'air pour le service Atmosphère (CAMS) et celui de fourniture de prévision saisonnière pour le service Climat (C3S). Quelques nouveaux contrats ont également été signés notamment dans le domaine de l'étude du climat par les données satellite. Fin 2018, l'établissement est impliqué dans 20 contrats Copernicus, majoritairement pour le service Climat (C3S), dont une réanalyse de surface et une régionalisation du climat sur l’Europe.

L’observation participative

Afin de renforcer les liens avec les utilisateurs et satisfaire ses besoins en observations météorologiques, Météo-France propose, depuis 2017, sur son application mobile, un module permettant aux mobinautes de saisir leurs propres observations du temps. Cette opération de science participative a été couronnée de succès avec plus de 30 000 observations de temps sensible pour les situations météo les plus perturbées. Des records de participation ont été atteints avec 40 133 signalements le 28 février 2018 (épisode de neige) et 49 130 signalements le 7 août 2018 (épisode de grêle). Ces valeurs positionnent Météo-France en leader mondial des contributions de citoyens concernant les phénomènes météorologiques.

Pour le rendre encore plus utile et attractif, ce module a été enrichi en 2018, notamment en permettant une description plus précise des phénomènes, ainsi que le partage de photographies au travers de l’application officielle disponible sur Androïd.

Serval : un nouvel outil de traitement des données radar

Serval (Système d’élaboration des produits radar et de visualisation centralisée) est le nouvel outil opérationnel de production des images de réflectivité et de lame d’eau de Météo-France pour la métropole. Moderne et évolutif, il intègre des possibilités de rejeu de situations passées et de visualisation des images intermédiaires qui sont, dès à présent, exploitées pour le développement et la mise au point de nouveaux algorithmes de traitement et de nouveaux produits.

Le projet Serval avait été lancé fin 2013 pour moderniser le système de production radar et améliorer la qualité de la mosaïque de réflectivité. Il a abouti en 2018 à une plate-forme opérationnelle assurant le traitement en central des tours d’antenne, ainsi que la production des images individuelles et des mosaïques. La supervision de l’ensemble du réseau et de la production radar de métropole est ainsi réalisée au travers d’une interface de supervision intuitive et conviviale.

Un nouveau projet visant à étendre Serval à l’outre-mer débutera très prochainement avec un déploiement visé fin 2020.

Serval un nouvel outil de traitement des donnees radars

Déploiement de deux houlographes Météo-France en Guadeloupe

Pour répondre aux besoins des prévisionnistes et des modélisateurs (modèle de prévision de vagues WW3), dans le cadre de la mission de vigilance vagues-submersion, Météo-France a fait le choix de déployer un réseau propre de bouées houlographiques (houlographes directionnels) à proximité de la côte (moins de 2 milles nautiques) et par faible profondeur. Les deux premiers houlographes ont été déployés en Guadeloupe en 2018, sur la côte Est (port du Moule) et la côte Ouest (côte Caraïbe).

Le houlographe port du Moule a été mouillé le 5 juillet par 32 m de fond, et le houlographe côte Caraïbe, le 6 juillet par 63 m de fond. Les houlographes sont identifiés sur les cartes marines et intégrés dans le réseau Candhis (Centre d'archivage national de données de houle in situ).

Houlographee-© Meteo-France

Le rôle d’EUMETNET amplifié

Lors de l’assemblée générale d’EUMETNET, fin octobre 2018, les 31 membres, dont Météo-France, ont adopté un nouvel accord pour maintenir EUMETNET dans le statut de GIE (Groupement d’intérêt économique). Ce nouvel accord conclu pour 10 ans, reprend et amplifie le rôle d’EUMETNET en termes de mutualisation et de soutien de ses membres dans le cadre de leurs missions officielles et de leurs activités dans un contexte international. Il fait suite au précédent qui avait été signé en 2009 pour conforter l’assise juridique de l’association EUMENET née dans les années 1990 sur l’initiative de Météo-France.

Dans ce nouveau contexte, les membres de l’assemblée ont également reconduit les programmes EUMETNET pour une nouvelle période de 5 ans, de 2019 à 2023. Dans le domaine de l’observation, en plus de sa participation aux programmes obligatoires sur l’observation, Météo-France participe à E-Surfmar, dont l’établissement sera à nouveau responsable en partenariat avec le KNMI (Pays-Bas), E-GVAP et E-PROFILE. Enfin l’établissement est aussi en charge de la gestion d’OPERA, toujours dans le domaine de l’observation, au sein d’un consortium composé de plusieurs membres. Dans le domaine de la prévision, Météo-France participe à EMMA, C-SRNWP ainsi qu’au nouveau programme de Post-Processing établi pour 3 ans. Météo-France a, en revanche, abandonné sa participation au programme de formation EUMETCAL et au programme de climatologie.

Lancement des satellites Aeolus, CFOSat et Metop-C

Metop-C-© CNES, D. Ducros, M. Regy, 2018

Le deuxième semestre 2018 a été marqué par la mise sur orbite de trois satellites intéressant de près les activités de Météo-France.

En août, Aeolus a été lancé pour le compte de l'Agence spatiale européenne (ASE). C'est le 1er satellite d'observation des vents de l'atmosphère terrestre par technologie laser.

En octobre, CFOSat, un satellite fruit d’une collaboration franco-chinoise, est devenu opérationnel. Météo-France, en tant qu’utilisateur, est un intervenant majeur de la mission CFOSat. Ce nouveau satellite permettra des mesures simultanées et colocalisées du vent et de l’état de la mer (vagues). Les travaux d’assimilation dans les modèles de vagues développés à Météo-France ont montré l’impact significatif de l’assimilation combinée des données en hauteurs de vagues et de spectres directionnels sur la prévision de l’état de la mer. Grâce à l’assimilation de ces données dans ses modèles de vague, Météo-France vise une amélioration des prévisions de l’état de la mer.

Le 7 novembre 2018, une fusée Soyouz a mis en orbite les quatre tonnes de Metop-C à partir du centre spatial guyanais de Kourou. Metop-C est le troisième et dernier satellite du programme Eumetsat Polar System (EPS) après Metop-A et Metop-B, respectivement lancés en 2006 et 2012. Les satellites Metop fournissent des images à haute résolution spatiale, notamment sur les pôles qui sont invisibles pour les satellites géostationnaires. Leurs instruments de sondage sont capables de faire des mesures de température et d'humidité à travers toute l'épaisseur de l'atmosphère. Ce sont des données essentielles pour la prévision numérique et qui complètent les informations issues des radiosondages. Leurs radars embarqués permettent de reconstituer des vents à 10 m au-dessus des océans, où les mesures conventionnelles sont rares. Enfin, les satellites Metop récoltent des données sur la qualité de l'air et la chimie de l'atmosphère.

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