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Le bilan climatique de l’année en métropole

L’année la plus chaude depuis le début du XXe siècle

2018 s'est caractérisée, au milieu de l’année, par de fréquentes situations météorologiques propices à la chaleur, avec des hautes pressions centrées sur la Scandinavie favorisant l'apport d'air continental particulièrement chaud durant la période estivale.

L'été 2018 s'est classé au 2e rang des étés les plus chauds derrière 2003, avec des températures supérieures aux normales de 2 °C. La France a ainsi connu en 2018, d'avril à décembre, 9 mois chauds consécutifs. Une telle séquence de 9 mois sensiblement chauds est inédite depuis le début du XXe siècle.

La température moyenne annuelle de 13,9 °C a dépassé la normale* de 1,4 °C, plaçant l'année 2018 au 1er rang des années les plus chaudes depuis le début du XXe siècle, devant 2014 (+1,2 °C) et 2011 (+1,1 °C).

La France a été soumise à un temps particulièrement agité en début d'année avec en janvier le passage de cinq tempêtes et des inondations remarquables sur un large quart nord-est.

Durant l'automne, les régions méridionales ont été frappées par de violents épisodes méditerranéens accompagnés de pluies intenses qui ont généré des crues rapides et des inondations localement dévastatrices, notamment dans l'Aude courant octobre. À l'inverse, les régions du Nord-Est ont subi une sécheresse record au cours de l'automne.

D'autre part, l'année 2018 a été une année exceptionnellement orageuse, la plus foudroyée depuis au moins 30 ans devant 1995 et 1994.

Le cumul de précipitations a été légèrement excédentaire* en moyenne sur l'année et sur la France, mais très contrasté géographiquement. Le premier semestre, de janvier à juin, a bénéficié d'une pluviométrie abondante, avec un excédent supérieur à 60 % en janvier et mars. La France a ensuite connu, jusqu'à fin novembre, un déficit pluviométrique persistant, qui a frôlé les records en septembre.

L'ensoleillement cumulé sur les 12 mois, proche de la normale** sur le sud de la France, a été excédentaire de plus de 10 % sur la moitié nord.

*Moyenne de référence 1981-2010.
**Moyenne de référence 1991-2010.

Les événements météorologiques majeurs de l'année 2018

Inondations et crues remarquables en janvier 2018

Les pluies fréquentes et abondantes de janvier sur les sols déjà saturés ont provoqué de nombreuses crues et inondations qui ont perduré début février. Les régions d'un large quart nord-est de la France ont été particulièrement touchées, ainsi que la Normandie et le Limousin.

La Seine a atteint, le 29 janvier, le pic de 5,85 mètres à la station Paris-Austerlitz, provoquant des crues importantes en aval et en amont. Ce pic est resté inférieur aux niveaux historiques de janvier 1910 (8,62 m) ou de janvier 1924 (7,32 m). Il a en revanche été proche du niveau atteint lors de la crue printanière de juin 2016 (6,10 m).

Inondation à Paris

Cinq tempêtes en janvier 2018

Cinq fortes tempêtes ont concerné la France au cours du mois de janvier 2018 : Carmen le 1er et Eleanor du 2 au 4, puis en milieu de mois une succession de trois évènements en cinq jours (Fionn les 16 et 17, David le 18 et un épisode venteux dans le Sud-Est les 20 et 21).

La tempête Eleanor, avec 25 % du territoire impacté par des vents supérieurs à 100 km/h, se classe au 19e rang des tempêtes majeures depuis 1980. Elle a occasionné de nombreux dégâts. La tempête Fionn du 17 janvier a aussi été remarquable par l'intensité des rafales mesurées, supérieures à 225 km/h sur le cap Corse.

Épisodes de neige en plaine en février et mars

La France a connu deux épisodes de neige en plaine exceptionnels, provoquant d'importantes perturbations, notamment sur les routes.

Du 5 au 7 février, d'abondantes chutes de neige ont concerné la région parisienne avec des hauteurs de neige exceptionnelles comprises entre 10 et 20 cm.

Du 28 février au 1er mars, le Languedoc a connu un épisode neigeux tardif, avec des hauteurs de neige atteignant 15 à 30 cm dans les agglomérations comme Montpellier et Nîmes.

Canicule du 24 juillet au 8 août

Les températures ont localement dépassé 40 °C au plus chaud de l'épisode et des records de températures maximales ont été battus comme à Lille (37,6 °C le 27 juillet) ou à Béziers (41,3 °C le 4 août). Les nuits ont été particulièrement chaudes avec de nombreux records de températures minimales les plus chaudes, notamment à Lyon avec 25,7 °C le 5 août et jusqu'à 30,3 °C à Perpignan le 4 août.

Cette canicule a été plus intense que celle de 2006 (10 au 30 juillet 2006) mais reste moins intense que la canicule majeure de 2003 (2 au 17 août 2003). Elle a été plus courte que la canicule de 2006 mais de durée similaire à celle de 2003.

Sa sévérité (chaleur totale pendant l'épisode) est proche de celle de 2006 mais nettement en dessous de celle de 2003.

Plusieurs épisodes méditerranéens intenses en octobre et novembre

Durant l’automne, les régions méditerranéennes et le sud du Massif central ont été touchés par de violents épisodes pluvio-orageux qui se sont accompagnés de pluies localement diluviennes dans les Cévennes, l'Aude, le Var et la Corse provoquant des crues et des inondations dévastatrices.

Les principaux épisodes en octobre 2018 :

Du 8 au 10 octobre : de fortes précipitations sont remontées dans un flux de sud sur le Languedoc-Roussillon, la Provence et la Côte d'Azur avec des cumuls dépassant localement 100 mm en 24 heures, provoquant des inondations dans le Var. Le 10 on a relevé 174,9 mm à Mandelieu (Alpes-Maritimes) dont 61 mm en 1 heure et 181,2 mm à Castanet-le-Haut (Hérault).

Du 13 au 18 octobre : des pluies diluviennes se sont abattues sur le Languedoc-Roussillon, le Tarn et l'Aveyron. Les précipitations ont été d'une intensité exceptionnelle sur l'Aude et le sud du Massif central. Les cumuls de pluie ont localement dépassé 300 mm en 24 heures. Dans la nuit du 14 au 15, un axe de précipitations intenses stationnaires dans le département de l'Aude (placé en vigilance rouge pour fortes précipitations et inondations) a généré des crues rapides meurtrières, notamment à Trèbes où on a relevé 295 mm en 12 heures.

Les 16 et 17 octobre : de fortes précipitations ont occasionné des inondations en Haute-Corse. Les cumuls ont atteint 287,8 mm en 24 heures à Felce, le 16, dont 234,6 mm en 6 heures.

Au cours du mois de novembre, dans un flux de sud-est dominant, les épisodes méditerranéens ont été plus fréquents que la normale et parfois intenses avec des cumuls dépassant localement 100 mm en moins de 24 heures du nord de l'Hérault aux Cévennes ainsi que sur le Var, les Alpes-Maritimes et la Corse.

Les principaux épisodes en novembre 2018 :

Le 4 novembre : les pluies ont balayé la Corse toute la journée et les cumuls ont atteint 115,7 mm à Vivario (Haute-Corse).

Le 20 novembre : de violentes pluies orageuses, parfois accompagnées de grêle, se sont abattues sur l'Hérault, le Gard et les Bouches-du-Rhône avec des cumuls en 24 heures dépassant localement 60 mm et atteignant 124,5 mm à Marsillargues (Hérault) dont 101,2 mm en 3 heures.

Sécheresse persistante des sols superficiels sur un large quart nord-est, d'août à novembre 2018

D'août à octobre, les sols superficiels se sont asséchés sur l'ensemble de l'Hexagone, particulièrement sur un large quart nord-est qui a subi, depuis la fin de l'été, un déficit pluviométrique exceptionnel.

Malgré le passage de plusieurs perturbations sur la France fin octobre, les sols sont restés extrêmement secs du Limousin et du nord de l'Auvergne - Rhône-Alpes à la Franche-Comté et au Grand-Est.

La sécheresse des sols, record depuis courant octobre sur l'Alsace, la Lorraine et la Franche-Comté, a perduré sur ces régions jusqu'à la fin de l'automne.

Un nombre record de dossiers « CatNat »

Météo-France intervient ainsi dans l’élaboration des rapports permettant l’instruction des dossiers communaux de reconnaissance de l’état de catastrophes naturelles par la commission interministérielle Catastrophes naturelles (CatNat). En 2018, le nombre de demandes communales (8 161) instruites par la commission CatNat est l’un des plus importants depuis la création de la garantie catastrophes naturelles en 1982. Cet afflux de demandes s’explique essentiellement par la multiplication d’inondations, parfois de grande ampleur, tout au long de l’année 2018 : tempête Eléanor début janvier, crues du bassin de la Seine et de la Marne en janvier-février, tempêtes tropicales Berguitta et Fakir à La Réunion, violents orages sur la métropole en mai-juin et crues cévenoles en octobre-novembre. 99 départements, soit la quasi-totalité, ont transmis au moins une demande au cours de l'année 2018.

La procédure CatNat dite « accélérée » a été mise en œuvre en 2018 sur 29 dossiers concernant à la fois la métropole (inondations de janvier dans le Nord de la France, épisode de l’Aude en octobre) et l’outre-mer (tempête Berguitta et cyclone Fakir).

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