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Le bilan climatique de l’année en outre-mer

La Guyane

Avec une température moyenne annuelle de 27,1 °C, l’année 2018 se classe au dix-septième rang des années les plus chaudes (calculs effectués à partir des données des 5 postes de références que sont Cayenne-Matoury, Saint-Laurent, Saint-Georges, Maripasoula et Kourou CSG). Après 2016, l’année la plus chaude observée en Guyane depuis le début des mesures en 1955, cela fait donc désormais deux années consécutives que les températures moyennes annuelles repartent à la baisse. Pour autant, celles-ci restent supérieures aux normales 1981-2010 depuis l’année 2001.

Les températures moyennes mensuelles de 2018 sont le plus souvent supérieures aux normales, en particulier durant les mois de septembre et octobre (respectivement +0.6 °C et +0.7 °C par rapport aux normales). Toutefois, en février, pour la 1re fois depuis de nombreux mois, les températures ont été un peu plus fraîches que la normale.

Pour les précipitations : le cumul moyen annuel de 2 785 mm sur le département (calcul effectué sur 13 postes représentatifs) présente un excédent global modéré de 7 %. La répartition spatiale des pluies correspond bien à la climatologie guyanaise, le quart nord-est de la Guyane étant la zone la plus arrosée avec des cumuls annuels de 3 000 à 4 300 mm. Plus à l’ouest, notamment le long du Maroni, les cumuls sont globalement compris entre 2 000 et 2 800 mm.

L’année 2018 a débuté par un mois de janvier particulièrement sec (déficit pluviométrique de -33 %) mais sur l’ensemble de la petite saison des pluies (mi-novembre à mi-février), la pluviométrie est excédentaire de 11 %. Mars est ensuite assez conforme aux normales tandis que la grande saison des pluies (avril-juin) présente un excédent de 15 % par rapport aux normales.

La saison sèche (juillet à mi-novembre) atteint un excédent pluviométrique (+11 %). Les mois de juillet et novembre sont copieusement arrosés (respectivement +58 % et +62 %). Les 3 mois d’août à octobre sont quant à eux assez secs. Enfin, la nouvelle saison des pluies s’amorce un peu en avance et de façon généreuse dès la fin du mois de novembre 2018.

Avec une durée d’insolation annuelle d’environ 1 960 heures, l’ensoleillement est conforme aux normales de saison (1 975 heures).

Le vent sur le département reste conforme à peu de choses près aux valeurs annuelles habituelles. Toutefois, le mois d’avril a été un peu plus venté que la normale, de même que la fin d’année 2018 (octobre-décembre).

Faits marquants

  • À Saint-Laurent du Maroni, ce mois d’avril 2018 a été le mois d'avril le plus pluvieux depuis 1949 avec 653,3 mm, soit un excédent de 133 % par rapport à la normale de 1981-2010.
  • Le 24 juin, le passage d'un grain sur l'île de Cayenne génère des rafales de vent violentes pendant une quinzaine de minutes. On mesure une pointe de vent maximale de 95 km/h à Cayenne-Suzini (2e rang des valeurs de vent les plus forts observés en Guyane depuis le début des mesures en 1955).
  • À Saint-Georges, le 31 août a été la journée la plus chaude pour un mois d’août depuis le début des mesures de cette station.
  • Durant tout le mois d’octobre, il n’est pas tombé une seule goutte de pluie à Awala-Yalimapo. Ce n'est que la troisième fois, depuis le début des mesures en 1961, que l'on observe un mois d'octobre aussi sec sur cette commune. Cela s'était déjà produit en 1976 et avant cela en 1963.

La Réunion

La réunion

L'année 2018, avec un écart à la normale de +0,67 °C, se situe au 3e rang des années les plus chaudes à La Réunion (sur 51 années), juste après 2011 (+0,71 °C), mais assez loin de 2017 (+0,91 °C).

Le deuxième semestre a été particulièrement chaud, notamment avec les mois d'août et septembre les plus chauds jamais enregistrés.

Avec 42 % d'excédent pluviométrique, l'année 2018 figure également sur le podium des années les plus pluvieuses (au 3e rang sur 47 années), après 1980 et 1987, grâce à une saison des pluies exceptionnelle (2e mois de janvier le plus pluvieux, 2e mois de février le plus orageux, 2e mois de mars le plus pluvieux et 3e mois d'avril le plus pluvieux) et une fin de saison sèche bien arrosée (octobre et novembre respectivement aux 3e et 2e rangs). Le seul mois véritablement sec de l'année a été le mois d'août (au 1er rang des plus secs).

L'année a été marquée par l'influence directe ou indirecte de 5 systèmes dépressionnaires tropicaux (sur les 8 systèmes de la saison cyclonique du bassin sud-ouest de l'océan Indien), dont Berguitta au stade de forte tempête tropicale, le 18 janvier, à 80 km de la côte sud (Saint-Joseph) et le cyclone tropical Fakir, le 24 avril, à environ 15 km du littoral est (Sainte-Rose). Ce dernier a touché La Réunion à une date extrêmement tardive et inédite dans l'histoire récente de l'île.

Faits marquants

  • Le 18 janvier (Berguitta) : 847,5 mm de pluie enregistrés en 24 heures à la station de Grand-Coude.
  • Le 24 avril (Fakir) : vents à 172 km/h au piton Maïdo (dans les Hauts), 156 km/h à Saint-Benoît (au niveau du littoral), et 176 mm de pluie en 1 heure à la station des hauts de Sainte-Rose (record à La Réunion depuis l'automatisation des stations, soit environ 30 ans).

La Nouvelle-Calédonie

Dans la région Pacifique, l’année 2018 a été marquée par la sortie du phénomène La Niña qui s’était mis en place depuis octobre 2017 et qui s’est achevé à la fin du premier trimestre 2018. Il s’en est suivi une phase neutre de l’ENSO (El Niño Southern Oscillation) qui a duré jusqu’en décembre.

Dans ce contexte, le bilan pluviométrique annuel en Nouvelle-Calédonie a été légèrement déficitaire tandis que les températures ont été, en moyenne annuelle, très légèrement supérieures aux normales.

Avec un écart à la normale 1981-2010 de -10 % en moyenne sur la Nouvelle-Calédonie, les précipitations ont été légèrement déficitaires en 2018. Sur la côte Ouest, le déficit s'élève à -20 % environ : la zone la plus touchée est celle qui s'étend de La Foa à Koné. Sur les îles Loyauté, le déficit est de l'ordre de -15 %. Sur la côte Est, le bilan est conforme à la normale.

Néanmoins, par rapport à 2017 (l’année la plus sèche depuis 1971), l'année 2018 occupe une position médiane.

Le premier trimestre 2018 a été marqué par la prédominance d'un temps tropical, lourd et orageux, et par le passage de plusieurs dépressions et cyclones tropicaux dans les parages de la Nouvelle-Calédonie.

Bien que la saison cyclonique 2017-2018 ait démarré tardivement sur la zone Pacifique Ouest, elle s'est avérée active. Durant cette saison, les phénomènes tropicaux se sont principalement développés à l'ouest de Fidji (180° W) dans des conditions océaniques et atmosphériques de type La Niña propices au déplacement de l'activité cyclonique dans cette région.

Dans la zone d'alerte de la Nouvelle-Calédonie, l'activité cyclonique a également été soutenue. Sur les six phénomènes qui ont concerné la zone d'alerte, trois ont apporté des pluies substantielles sur le pays : tout d'abord la dépression tropicale modérée Fehi entre le 28 et le 29 janvier, puis le cyclone tropical Hola du 8 au 10 mars et pour finir la dépression tropicale Iris qui a traversé la mer de Corail du nord vers le sud, entre le 24 et le 30 mars. Grâce à ces trois phénomènes tropicaux, les mois de janvier et de mars recueillent les précipitations les plus abondantes de l'année.

Le mois de février, quant à lui, marque une pause en affichant un bilan globalement sec, voire très sec, sur la côte Est et les îles Loyauté.

Les mois d'avril à septembre se caractérisent par un temps plutôt sec à l'échelle du pays, conséquence de la prédominance de conditions de hautes pressions atmosphériques et du courant d'alizé associé. En définitive, les précipitations se révèlent déficitaires, en particulier celles du mois de juin dont le déficit atteint -50 %.

Avec le retour de la chaleur estivale, les mois d'octobre à décembre ont été propices à de nombreuses journées de courants d'est humides et instables, ainsi qu'à la descente de masses d'air tropical sur la Nouvelle-Calédonie. Un temps plus couvert, de l'activité orageuse et des pluies plus abondantes étaient donc au menu de cette fin d'année.

La température moyenne annuelle 2018, sur l’ensemble du territoire, affiche un écart à la moyenne de référence 1981-2010 compris entre +0,1 et +0,2 °C. En Nouvelle-Calédonie, l’année 2018 est donc proche de la normale en termes de température moyenne annuelle alors qu’à l’échelle du globe, elle a été une année très chaude.

L’analyse de l’évolution des températures mensuelles moyennes, minimales et maximales permettent de mettre en lumière certaines particularités climatiques de cette année 2018.

On observe ainsi que la température moyenne mensuelle a été supérieure à la normale durant 7 mois, et plus particulièrement en juillet et en octobre. Elle a été conforme aux normales en février et mai et inférieure aux normales en juin, août et septembre. Ces fluctuations d’amplitude expliquent le fait que la température moyenne annuelle soit proche de la normale 1981-2010.

La Guadeloupe

Malgré l’absence de cyclone majeur ayant traversé l’archipel dont les vitesses de vent entrent dans le calcul des moyennes annuelles, 2018 est l’une des années les plus ventilées (en moyenne annuelle de la vitesse du vent à 10 m). À La Désirade, on enregistre une moyenne de 27,7 km/h (la normale étant de 24,4 km/h). Il faut remonter à 1997 pour voir une telle valeur. De même à Les Abymes-le Raizet, il faut remonter à 1985 pour obtenir la moyenne de 13,3 km/h de cette année (normale 12,7 km/h).

Concernant les températures, 2018 est une année dite normale. En effet, même si la normale annuelle des maxima (30 °C en 2018 à Les Abymes-le Raizet) reste légèrement plus basse que la normale (30,6 °C normale sur la période 1981-2010), la moyenne annuelle (26,4 °C ) est très proche de celle des 66 dernières années (26,2 °C).

La commune de Sainte-Anne aura reçu, entre octobre et novembre, 1 716 mm de pluie, soit plus d'une année standard en cumul de pluie (1 193 mm : valeur annuelle moyenne sur 1965-2018). 2018 établit en fait pour cette commune un nouveau record de cumul pluviométrique depuis le début des mesures 1965.

Le reste de l'archipel connaît une année normale ou relativement sèche (sur la période 1981-2010). Le nord de la Basse-Terre connaît des valeurs annuelles normales mais ailleurs les déficits vont de 10 à 30 %. À Les Abymes-le Raizet, une des zones des plus arrosées en dehors de la commune de Sainte-Anne, le déficit atteint les 13 % (1 405,6 mm en 2018 pour une normale de 1 616,6 mm sur la période 1981-2010).

Sur les îles du Nord, 2018 reste localement comme l’une des 15 années les plus sèches depuis 1951.

Avec 2 268,8 heures d’ensoleillement, 2018 accuse un léger déficit de 5 % par rapport à la normale (2 383,8 heures sur la période 1996-2010), ce qui situe cette année dans la moitié inférieure des années les moins ensoleillées depuis 1996.

Faits marquants

En 2018, l’année est surtout marquée par 3 phénomènes pluvieux exceptionnels :

  • le 7 avril, sur les communes du sud de la Basse-Terre, des cumuls pluviométriques avec localement plus de 100 mm en 4 heures sont enregistrés. L’élément remarquable est que des pluies de cette intensité sont rares hors activité cyclonique ;
  • le 12 octobre, la commune de Sainte-Anne enregistre des précipitations intenses contraintes par l’orographie des Grands-Fonds. En huit heures de précipitations violentes quasi ininterrompues, le volume enregistré par le pluviomètre de la gendarmerie de Sainte-Anne atteint un nouveau record absolu : près de 350 mm (contre les 220 mm enregistrés sous le cyclone Hugo) ;
  • entre le 2 et le 22 novembre, les pluies quasi continues, qui touchent surtout le centre de l’archipel (les Guadeloupéens le savent : ce qu'on appelle la " co-urbanité " ou la région " pointoise "), établissent un nouveau record dans la durée (plus de 20 jours de précipitation sans interruption). Localement de nouveaux records mensuels de cumul pour un mois de novembre sont établis.

La Martinique

la_martinique

L’année 2018 a été la plus ensoleillée depuis 20 ans et la plus ventée, mais aussi l’une des moins chaudes. Tous les mois présentent un bonus d’ensoleillement, à l’exception d’avril. Malgré une insolation annuelle excellente avec 2 580 heures au total, la température annuelle accuse une régression par rapport à ces dernières années. Il faut remonter à 10 ans pour trouver une température se rapprochant aussi près de la normale. Ce sont surtout les maximales qui sont inférieures aux valeurs saisonnières de février, d’avril à juin et de décembre. La moyenne annuelle des maximales est relativement conforme à la normale (30,3 °C au Lamentin au lieu de 30,2), ce qui n’était plus arrivé depuis le début des années 2000. Les minimales restent supérieures avec une moyenne annuelle de 23,9 °C (pour 23,3 normalement). La fréquence des journées de chaleur (>32 °C) ou de nuits chaudes est en nette régression.

Même si aucun épisode cyclonique important n’a frappé nos îles, l’alizé a été plus fort en moyenne sur l’année que les années passées.

En 2018, la saison des pluies a été moins arrosée que de coutume et la saison sèche plus humide. En effet, rarement un début d’année n’a été aussi arrosé tant en quantité qu’en jours de pluie. À partir du deuxième semestre, la saison pluvieuse est très déficitaire (mis à part août), c’est pourquoi la pluviométrique annuelle accuse un léger déficit de -7 % au Lamentin avec 1 956 mm d’eau.

Faits marquants

  • Les inondations du François, le 16 avril. Les quantités d’eau tombée ont rarement été aussi intenses en Martinique (145 mm en 1 heure, c’est proche du record, et 278 mm en 1 jour). Cette intensité des précipitations a donné lieu à des chutes de grêle au sol : phénomène exceptionnel en Martinique !
  • Températures extrêmes de l’année : 34,7 °C à la presqu’île de la Caravelle le 9 septembre, et 16,3 °C à Morne-Rouge le 28 mars.
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