Partie 3

Une coopération
internationale active

En météorologie et en climatologie, la coopération internationale est essentielle à la fois sur le plan opérationnel, où elle permet d’accéder aux données produites dans le monde entier, et en matière de recherche et de développement. Météo-France y prend toute sa part, tant au niveau européen, au sein des divers organismes qui assurent la mutualisation et la coordination des moyens à l’échelle continentale, qu’au niveau mondial, en participant activement aux activités de l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

En Europe, la coopération entre Services météorologiques nationaux (SMN) est structurée autour de trois entités : l’organisation européenne pour l’exploitation de satellites météorologiques (EUMETSAT), le Centre européen de prévisions météorologiques à moyen terme et le Groupement d’intérêt économique EUMETNET qui regroupe 31 SMN. L'établissement est aussi largement impliqué dans le programme européen Copernicus de surveillance et de suivi de la Terre et de ses différents écosystèmes.

Au niveau mondial, la contribution de Météo-France se fait principalement via l’OMM. L’établissement entretient également des relations bilatérales ou multilatérales privilégiées avec ses homologues, en Europe ou dans d’autres régions du monde.

6e forum régional de prévision saisonnière pour les pays du sud-ouest de l’océan Indien

Du 18 au 22 septembre 2017, la Direction régionale de Météo-France pour l’océan Indien (DIROI), a assuré la coordination technique du 6e forum régional de prévision saisonnière (SWIOCOF) pour les pays insulaires du sud-ouest de l’océan Indien et les pays africains côtiers de cette région.

Ce forum a bénéficié du support financier de l’Organisation météorologique mondiale au travers de son programme visant à développer les services climatiques à l’échelle globale, du soutien logistique de la Commission de l’océan Indien (COI) et du Service météorologique Seychellois.

L’atelier a réuni des représentants des Comores, de Madagascar, de Maurice, de La Réunion, des Seychelles mais aussi d’Afrique du Sud, du Mozambique et de Tanzanie, avec pour objectif l’élaboration d’un bulletin de prévision saisonnière régional : pluviométrie, activité cyclonique et températures pour les 3 mois à venir (octobre à janvier).

Cette rencontre a aussi été l’occasion pour les pays participants d’acquérir des compétences nouvelles sur les méthodes de prévision saisonnière adaptées à cette région et notamment au caractère insulaire des pays de la COI. Elle a également permis aux météorologues et climatologues concernés d’échanger avec de potentiels utilisateurs des secteurs d’activités sensibles aux variations climatiques à l’échelle saisonnière : agriculture, suivi de la ressource en eau, gestion des risques et des catastrophes naturelles, tourisme...

Copernicus, une contribution active au développement du Service climat

Site de visualisation des services climatiques pour l’énergie.
Site de visualisation des services climatiques pour l’énergie, avec la représentation de l’anomalie de l’indicateur de demande de chauffage à l'horizon 2050, pour un scénario RCP8.5. Capture © Météo-France

Copernicus est le programme européen de surveillance et de suivi de la Terre et de ses différents écosystèmes. Il a pour objectif de délivrer gratuitement et de façon opérationnelle des données satellite et des services liés à l’environnement aux échelles globales et européennes.

Les six services Copernicus transforment les données satellitaires in situ en informations à valeurs ajoutées. Ils se décomposent en trois milieux d’observations (terre, océan et atmosphère) et trois domaines (climat, urgence et sécurité).

Météo-France est prestataire, avec des degrés d’implications variables, pour cinq des six services Copernicus. En 2017, l’établissement s’est clairement positionné sur le service Copernicus Climate Change (C3S), en élargissant ses contributions à toutes les composantes du service.

Un des objectifs de C3S est de mettre à disposition des séries de Variables climatiques essentielles (ECV) à partir de traitement d’observations satellitaires passées et de données in situ. Ainsi, Météo-France a été retenu, en 2017, comme responsable de l’ECV albédo de surface de C3S. Grâce à cette participation, l’établissement est devenu un acteur majeur sur la scène internationale en matière de télédétection des propriétés de surface dans le domaine optique, avec la responsabilité de l’exploitation de plusieurs générations d’instruments entre 1980 et 2022.

Copernicus vise également la production d’un multi-modèle de prévisions saisonnières auquel Météo-France contribue par la fourniture chaque mois des résultats de son modèle opérationnel de prévision. Une nouvelle version (système 6) du modèle de prévision saisonnière de l’établissement est fournie en phase préopérationnelle à Copernicus depuis mars 2017. Les premiers jeux de prévisions multi-modèles, produits tous les 10 du mois pour les 6 mois suivants, seront disponibles sur la plateforme C3S à partir du printemps 2018.

Pour disposer d’une gamme complète d’informations sur le climat intégrant les trois temporalités passé, présent, futur, C3S va également développer des accès ergonomiques aux projections climatiques intégrant la notion d’incertitude par une approche ensembliste quasi systématique. Pour l’échelle globale, C3S va s’appuyer sur les simulations CMIP 5 qui ont été évaluées dans le cadre du 5e rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Ces simulations seront complétées à l’échelle régionale à résolution spatiale de 12 km par de nouveaux jeux dont certains seront produits par Météo-France à partir du modèle ALADIN-Climat. Enrichir la palette de simulations climatiques sur l’Europe permettra ainsi de mieux qualifier les incertitudes à cette échelle.

Enfin, en 2017, Météo-France a livré un démonstrateur contenant notamment des indicateurs sur l’offre/demande énergétique aux différentes échéances temporelles : climat actuel, prévision saisonnière et projections climatiques. Cet outil s’inscrit dans une partie du service C3S qui vise à définir et produire des indicateurs par secteurs d’activités à l’attention des politiques publiques et du secteur privé dans le contexte de l’adaptation au changement climatique.

Développer des services climatiques pour la Méditerranée

La Méditerranée est reconnue par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) comme un hot spot en matière d’impacts du changement climatique, du fait de la conjonction d’aléas climatiques extrêmes (sécheresses récurrentes, vagues de chaleur, tempêtes, pluies intenses, submersions marines) et d’une grande vulnérabilité de son territoire. De nombreuses initiatives internationales ont été lancées ces dernières années pour améliorer les connaissances sur le changement climatique sur l’ensemble de ce bassin.

La prévision saisonnière fait également l’objet de travaux de recherche et de développement d’applications sectorielles dont nontamment l’énergie, l’agriculture ou la gestion de la ressource en eau.

Ainsi, un forum climatique méditerranéen (MedCOF), réunissant l’ensemble des services météorologiques bordant son bassin en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord a ainsi été mis en place sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale. Dans ce cadre se tiennent des conférences biannuelles visant à établir des prévisions saisonnières consensuelles pour les saisons estivale et hivernale. Ce forum vise aussi à informer et à échanger avec les acteurs publics et privés sur leurs besoins en information climatique et les services pouvant être rendus par les prévisions saisonnières.

Un projet dénommé MEDSCOPE, soutenu par l’Union européenne (dans le cadre du programme JPI Climate) a été lancé en septembre 2017 pour améliorer la prévisibilité saisonnière en Méditerranée et démontrer les apports potentiels des services climatiques dans différents secteurs économiques. Météo-France, par l’intermédiaire de son centre de recherche et de sa direction de la climatologie et des services climatiques, y contribue pour développer des diagnostics sur la prévisibilité saisonnière, des outils adaptés pour la descente d’échelle et des applications sectorielles basées sur l’utilisation d’un modèle hydrologique (SURFEX-Trip).

Pour en savoir plus : consulter le site JPI-Climate.

Poursuite d’un partenariat gagnant/gagnant avec EUMETSAT dans le cadre des consortiums SAF

Température de surface de la mer le 25 janvier 2018.

Température de surface de la mer le 25 janvier 2018. © EUMETSAT
 

Depuis le lancement des huit consortiums en charge des SAF (Satellite Application Facilities, Centres d’applications satellitaires) d’EUMETSAT, Météo-France est pleinement impliqué dans cinq d’entre eux en tant que membre ou pilote : la prévision numérique du temps (SAF NWP), la prévision immédiate et à très court terme (SAF NWC), le SAF OSI (océans et glaces de mer), le SAF H (hydrologie) et enfin le SAF LSA qui concerne l’analyse des terres émergées.

Dans le cadre des deux premières phases des projets, Météo-France a donc pris une large part à l’amélioration continue des outils et au développement de nouveaux produits dans tous ces domaines.

Le 1er mars 2017, les huit consortiums se sont engagés dans la troisième phase continue d’exploitation et de développement, la CDOP3, qui couvrira la période 2017-2022.

Météo-France a donc renouvelé son engagement au sein de ces cinq SAF pour les six prochaines années. L’enjeu principal de la CDOP3 sera d’assurer la continuité des productions opérationnelles actuelles et de se préparer à l’arrivée des satellites MTG (géostationnaires) et METOP-SG (défilants) d'EUMETSAT. Ces programmes placeront l’Europe en pointe pour les observations météorologiques en assurant une amélioration des résolutions spatiales, temporelles et radiométriques, et apporteront des innovations majeures comme l'imageur d'éclairs (LI) ou le sondeur infrarouge hyperspectral (IRS) de MTG.

L’importance stratégique des SAF est régulièrement rappelée par EUMETSAT : ils permettent une utilisation optimale des infrastructures et ressources disponibles dans les États membres, une capitalisation de l’expertise scientifique et des interactions plus nombreuses entre experts.

Météosat a 40 ans

Image satellite Météosat-10 prise le 23/11/2017 à 13 h 30 UTC.
Image satellite Météosat-10 prise le 23/11/2017 à 13 h 30 UTC, jour du 40e anniversaire du lancement du tout premier satellite météorologique européen, depuis Cap Canaveral en Floride. © Météo-France.
 

Le 23 novembre 1977, le 1er satellite géostationnaire européen, Météosat-1, est lancé depuis Cap Canaveral en Floride. Il fournit toutes les 30 minutes des images du disque terrestre (océan Atlantique, l'Europe et l'Afrique) dans trois canaux (visible, infrarouge et vapeur d'eau), réceptionnées et traitées à Darmstadt (Allemagne) et au Centre de météorologie spatiale de Lannion. Suit toute une constellation de satellites Météosat, lancés cette fois depuis le centre spatial guyanais de Kourou.

Fruit de la collaboration de plusieurs pays européens (Belgique, Danemark, France, Italie, République fédérale d'Allemagne, Royaume-Uni, Suède et Suisse), le programme Météosat permet alors de suivre les masses nuageuses au-dessus du continent européen. Cette coopération est à l’origine de l'Organisation européenne pour l'exploitation des satellites météorologiques (EUMETSAT), créée en 1986.

Depuis 1977, les instruments embarqués et le traitement des images ont bien évolué. Des images en composition colorée voient le jour en 1986. Elles renseignent sur la structure, l’épaisseur et l’altitude des nuages. Depuis 2002, les satellites du programme Météosat seconde génération fournissent des images avec une meilleure résolution spatiale et temporelle et apportent une aide à la prévision à court terme de la neige, des orages et du brouillard. La 3e génération, prévue à partir de 2021, produira des images encore plus précises ainsi que des informations sur l’atmosphère (température, humidité, chimie) et une détection des éclairs.

Jumelage avec l'Institut national de météorologie de Tunisie

L’année 2017 aura été particulièrement riche pour le jumelage avec l’Institut national de météorologie de Tunisie (INM) avec 41 missions d’expertise publique et des visites d’étude qui ont bénéficié à 56 cadres. Cet appui institutionnel, qui a débuté en octobre 2015 pour une période initiale de 30 mois et financé par la Commission européenne à hauteur d'1,35 M€, vise à renforcer les capacités du service météorologique tunisien.

Les missions d’expertise publique, conduites en lien avec les bénéficiaires, ont couvert un périmètre extrêmement large : renforcement des compétences managériales et des pilotages sectoriel et opérationnel, appropriation par les équipes de l'approche de management par projets. Le rôle et la visibilité de l’INM dans le domaine de la recherche scientifique, des échanges institutionnels et interministériels ont également été au coeur de ce jumelage, avec l’objectif de mettre en œuvre un Système d'alerte précoce-vigilance (SAP) adapté aux préoccupations des autorités tunisiennes. Enfin, la préparation de la certification de l'INM au-delà du seul périmètre actuel des prestations à l'aéronautique a fait l’objet d’une attention particulière.

Visites et aide au développement

Une délégation du Pakistan a été reçue par Jean-Marc Lacave à Saint Mandé, le 20 juillet 2017.
Une délégation du Pakistan a été reçue par Jean-Marc Lacave à Saint Mandé, le 20 juillet 2017. Elle était conduite par l'ambassadeur du Pakistan en France, Moin-ul-Haque, et comprenait notamment le Secretary for Civil Aviation, Muhammad Irfan Elahi, tutelle du Pakistan Meteorological Department (PMD). © Météo-France.

Météo-France a accueilli de nombreuses délégations étrangères. Ces visites permettent aux visiteurs concernés de découvrir le savoir-faire et les infrastructures de l’établissement.

Dans ce cadre, Lord Ed Llewellyn, ambassadeur du Royaume-Uni en France depuis 2016, s’est rendu sur le site toulousain de la Météopole. Cette rencontre a permis aux agents de l’établissement de présenter les actions de coopération avec le Met Office dans les domaines de la recherche et de la météorologie opérationnelle.

La visite d’une délégation du Pakistan, conduite par l'ambassadeur du Pakistan en France, Moin-ul-Haque, accompagné du directeur du Secretary for Civil Aviation, Muhammad Irfan Elahi, tutelle du Pakistan Meteorological Department (PMD), a conduit à la signature d’un Memorandum of Understanding dont l’objectif est de développer les compétences du PMD. Le directeur du PMD s’est également rendu sur le site de la Météopole afin de préciser les actions de coopération.

Une délégation menée par le ministre des situations d’urgence d’Arménie, tutelle du service météorologique arménien, a permis d’évoquer des actions de coopération qui pourraient faire l’objet d’une potentielle convention entre les 2 services.

Les directeurs des services météorologiques du Mali, du Cameroun et une délégation conduite par la directrice générale adjointe du service météorologique de Biélorussie ont également été reçus, pour découvrir l’organisation et les activités de l’établissement et évoquer des pistes de collaboration future.

Une offre de formation à destination d’un public international

L’École nationale de la météorologie (ENM) propose des formations professionnelles ouvertes au public extérieur à Météo-France et certaines d’entre elles, dispensées en français et en anglais, sont spécialement conçues pour accueillir des stagiaires travaillant au sein d’institutions étrangères œuvrant dans le domaine de la météorologie.

Ces formations abordent aussi bien les aspects scientifiques, théoriques ou organisationnels que les outils et méthodes opérationnels. En 2017, elles ont accueilli 86 stagiaires de 33 pays différents et, pour la première fois, une formation spécifique a été proposée aux météorologistes francophones de l'Afrique subsaharienne en charge des activités de prévision. Ce stage, intitulé « Météorologie sur zone Afrique », d'une durée de 5 jours, a eu lieu en juin 2017. Son objectif était de consolider et actualiser les connaissances des stagiaires en prenant en compte les spécificités météorologiques de cette région.

À noter également la tenue d’un stage dispensé en anglais « Workshop on WMO information System and metadata management », organisé conjointement par Météo-France et UK Met Office en juin 2017 à Toulouse pour former aux techniques et outils du WIS, le nouveau système d’échange de données de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) ; une offre de formation à destination d’un public international.

Dénomination des tempêtes qui affectent l’Europe

Donner un nom aux tempêtes permet de communiquer plus efficacement à l'approche d'un phénomène de vent violent. Un système de dénomination de tempêtes a ainsi été mis en place avec succès en 2016 par le Royaume-Uni et l'Irlande, où des sondages ont montré que la population était beaucoup plus attentive aux consignes de sécurité quand la menace de vent fort était clairement identifiée comme reliée à une tempête nommée.

En partenariat avec les services météorologiques espagnol (AEMET) et portugais (IPMA), Météo-France nomme depuis le 1er décembre 2017 les tempêtes susceptibles de toucher la France, l'Espagne ou le Portugal. Lorsqu’une dépression risque de générer une vigilance vent au moins de niveau orange sur un de ces trois pays, le service météorologique qui prévoit d'émettre le premier cette alerte attribue à la tempête un nom issu d’une liste pré-établie. La dépression qui génère la tempête garde alors le même nom durant tout son cycle de vie.

Lorsqu'une tempête affecte d'abord le territoire d'Irlande ou de Grande-Bretagne, c'est le nom choisi par ces services météorologiques qui sera retenu, et réciproquement. Une extension de cette coordination à l'ensemble des pays européens est en cours.

Pour en savoir plus, lire notre article : " Comment choisit-on le nom d’une tempête ? ".