1.3

Aéronautique : anticiper
les risques météorologiques

La météo dans le cockpit

Visualisation des turbulences par le système eWas.
Visualisation des turbulences par le système eWas mis au point par la société espagnole GTD, avec les données de Météo-France. © GTD

Météo-France et la société espagnole GTD ont participé à plusieurs programmes européens de recherche aéronautique depuis 2004 (Flysafe, Alicia). Ces travaux exploratoires ont montré qu’il était désormais possible de fournir pratiquement en temps réel des données météo aux pilotes dans le cockpit lui-même.

Aussi, dès 2013, les deux entités ont orienté leurs travaux vers le passage en opérationnel d’une solution météo embarquée mise à disposition sur des tablettes, les Electronic Flight Bag (EFB).

Des échanges nourris avec une grande compagnie aérienne ont permis de mieux identifier le besoin des pilotes.

Ainsi, pour ce qui concerne la prévision des orages, Météo-France a développé un service global d’observation et de prévision des cellules convectives, le Global RDT (Rapid Developping Thunderstorm), particulièrement apprécié de la communauté des pilotes.

Quant aux prévisions de turbulence, de givrage et de vents en altitude, elles peuvent être fournies et mises à jour régulièrement grâce à différents algorithmes basés sur le modèle global ARPEGE développé par Météo-France.

L’ensemble de ces services météo est ainsi délivré en temps quasi réel aux pilotes, via une interface ergonomique développée par GTD, accessible directement sur tablette tactile, pour une préparation des vols plus efficiente. La connectivité accrue à bord de certains appareils permet également de pouvoir disposer de ces informations durant le vol, notamment durant les longs courriers.

L’aviation civile modernise son réseau de télécommunications

L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a lancé, en 2017, un grand chantier de modernisation de son réseau de télécommunications.

Reposant sur des technologies similaires à l’envoi de e-mails sur Internet, le nouveau protocole AMHS (Aeronautical Message Handling System) permet d'atteindre des vitesses de transfert largement supérieures et d'échanger potentiellement tout type de document.

Le changement de technologie et l’augmentation de la vitesse de ces liaisons va permettre de faire évoluer les messages de l’aviation civile vers un nouveau format nommé AIXM (Aeronautical Information eXchange Model). Celui-ci permettra de mieux intégrer les messages dans les nouvelles chaînes de traitement automatique.

Ce format a été décliné par l’OMM (Organisation météorologique mondiale) pour les messages relatifs à l’observation et à la prévision (METAR, TAF, SIGMET…) vers un standard géographique dédié à la météorologie dénommé IWXXM (ICAO Meteorological Information Exchange Model).

Opérationnelle depuis l'été 2017 sur le système de télécommunications Transmet de l’établissement, cette nouvelle liaison AMHS va permettre au Centre de Toulouse, avec Londres et Vienne, de continuer à assurer ses fonctions de Centre régional pour les données météorologiques opérationnelles à vocation aéronautique (OPMET).

En 2017, une traduction « à la volée » de ces messages a été mise en place sur Transmet afin de satisfaire aux obligations internationales de Météo-France. Les différents outils de l’établissement consommant ou produisant des messages OPMET, devront à terme évoluer vers ce nouveau format.

Les données seront publiées pour les utilisateurs de la navigation aérienne sur le futur réseau SWIM (System Wide Information Management) en 2025, via la passerelle MetGate dont le développement pour SESAR DM (Single Europeen Sky Air trafic management Research Deployment Manager) est piloté par Météo-France.

En parallèle de l’envoi des messages à caractère réglementaire susmentionnés, cette passerelle permettra de mettre à disposition des compagnies aériennes des informations utiles à l’optimisation des trajectoires et à la sécurité en vol et le choix de la source de données la plus adaptée, entre les différents Services météorologiques nationaux (SMN).

La prévision immédiate du risque orageux pour l'aviation commerciale

Identification, caractérisation et trajectoires des zones convectives par le Global RDT.
Identification, caractérisation (couleur des contours) et trajectoires des zones convectives par le Global RDT. © Météo-France

La détection et la prévision du risque orageux est un des éléments clés de l’assistance de Météo-France aux activités aéronautiques. En lien avec le développement de son offre commerciale et dans l’optique de couvrir le globe, l’établissement met en œuvre un produit d’identification et d’extrapolation à 1 heure du risque orageux basé principalement sur des informations satellite et les réseaux foudre, le Global RDT (Rapid Developping Thunderstorm). Des caractéristiques sont attribuées à chaque cellule orageuse : hauteur de sommet, phase de maturité, trajectoire, etc.

Les données initiales, issues de cinq satellites géostationnaires couvrant le globe, parviennent au Centre de météorologie spatiale (Lannion) soit par le système de diffusion EUMETCast (satellites européens Meteosat et américain GOES-Est, en attendant un système de réception directe de ce dernier en 2018), soit par voies terrestres (GOES-Ouest et satellite japonais Himawari-8). La production opérationnelle s’effectue ensuite pour une part à Lannion et d’autre part à Toulouse, à une cadence de 15 à 30 mn selon les satellites.

Le produit élaboré est ensuite distribué dans un fichier objet, synthétique et suffisamment léger pour pouvoir être transmis jusqu’aux avions en vol.

Découvrez les autres chapitres de la partie

1.4 Météo-France, leader des services ​​​​​​​climatiques et météorologiques