Illustration Motocyclette embourbée sur fond d'inondation ©Frédéric Ameye

S’engager pour
la sécurité
des personnes
et des biens

L’engagement et l’expertise des agents de Météo-France, ainsi que le renforcement de ses moyens d’observation et de prévision, sont toujours au rendez-vous pour aider à anticiper les phénomènes dangereux permettant à chacun d’adapter son comportement et aux équipes en charge de la gestion de crise de se préparer.

Vigilance : une année 2020 agitée

L’année 2020 a été marquée par 66 épisodes de vigilance orange ou rouge sur le territoire métropolitain, 62 épisodes de vigilance et 1 activation du système d’alerte cyclonique ont été déclenchés dans les territoires d’outre-mer.

L’ensemble des épisodes de vigilance orange ou rouge en métropole représente un total de 131 journées distinctes avec au moins un département en vigilance orange ou rouge, soit un nombre légèrement supérieur à la moyenne observée depuis 2011 (119 journées par an).

Vigilance métropole :
66 occurrences orange et rouge

Vigilance outre-mer
62 épisodes de vigilance et 1 activation du système d’alerte cyclonique

Antilles-Guyane
Îles du Nord : 5 orange (fortes pluies, orages, vents violents et mer dangereuse)
Guadeloupe : 5 orange (fortes pluies, orages, vents violents et mer dangereuse)
Martinique : 5 orange (fortes pluies et orages)
Guyane : 5 orange (fortes pluies et orages)
Réunion-Mayotte
20 épisodes de vigilance (12 à La Réunion et 8 à Mayotte)
1 activation du système d’alerte cyclonique orange (24 janvier)
Nouvelle-Calédonie
9 épisodes de vigilance orange ou rouge
Fortes pluies et orages : 6 orange et 2 rouge
Vents violents : 1 orange
Polynésie française
9 épisodes de vigilance orange
Fortes pluies : 3 ; orages : 1 ; vents violents : 1 ; fortes houles : 4
Saint-Pierre-et-Miquelon
4 épisodes de vigilance orange
Vents violents : 2 ; neige et verglas : 2

Vigilance : un nouveau site Internet lancé en juin

Un nouveau site Internet consacré à la vigilance a été lancé en juin. Il constitue le principal outil numérique pour s’informer en cas de phénomènes météorologiques dangereux en métropole. Dans sa nouvelle formule, il se dote d’une interface épurée, plus ergonomique.

Plus facile d’accès et plus lisible, le nouveau site innove notamment avec la mise à disposition de cartes de prévision de phénomènes dangereux pour des échéances de 24 heures à 7 jours.

Arome : intégration de nouvelles observations

Depuis janvier 2020, le modèle d’échelle kilométrique Arome assimile une quantité importante de nouvelles données. Ainsi, il prend en compte les observations du réseau Eumetnet/Opera réunissant 62 radars européens, en complément des 31 radars métropolitains français. Ces données permettent de mieux prévoir les pluies, notamment intenses. Arome-France intègre également désormais les observations de hauteurs de neige provenant des stations envoyant des messages en code synoptique international (Synop) et des centaines de stations météo automatiques du réseau Radome afin de fournir une meilleure analyse de la neige au sol.

En intégrant des données internationales, Arome perfectionne ses performances de prévisions des épisodes de pluies intenses. Le réalisme du modèle est également amélioré en cas d’épisodes de neige en plaine. Au-delà des progrès de la prévision, la tenue de la neige au sol se retrouve également beaucoup mieux représentée.

Tempête Alex : une mobilisation saluée

La tempête Alex, qui a frappé la France à partir du 1er octobre, a provoqué un épisode méditerranéen exceptionnel sur les Alpes-Maritimes dont le bilan humain et matériel a été dramatique. Ses conséquences auraient toutefois pu être plus sévères encore sans l’anticipation du risque par les équipes de Météo-France. Le rôle essentiel de l’établissement a d’ailleurs été salué par le président de la République, M. Emmanuel Macron, qui a tenu à remercier l’ensemble des services de l’État mobilisés.

L’anticipation de l’évènement et le placement des Alpes-Maritimes en vigilance rouge suffisamment tôt a permis la mobilisation de toute la chaîne de mise en sécurité et de secours.

Lidar de Nice : des moyens d’observation renforcés

Les cisaillements de vent représentent un danger important sur l’aéroport de Nice. Pour mieux prévoir ce phénomène, Météo-France a financé et installé un lidar Doppler longue portée, un radar-laser qui utilise les aérosols en suspension dans les basses couches de l’atmosphère pour mesurer, tout au long de l’année 2020, le vent par effet Doppler. Cet instrument, qui fait l’objet tout au long de l’année d’une expérimentation avec le Service de la navigation aérienne (SNA) local et les pilotes, est opérationnel.

Le système mis en place permet désormais aux prévisionnistes aéronautiques d’anticiper avec une dizaine de minutes d’avance, de brusques renversements de vent et d’alerter la tour de contrôle et les pilotes, et de renforcer ainsi la sécurité des vols.

Feux de forêt : Météo-France gère l’assistance pour l’Union européenne en 2020

Après une période estivale de démonstration en 2019 pour l’assistance feux de forêt, Météo-France a assuré l’assistance opérationnelle Aristotle Forest Fires, de mai à octobre 2020 sur le territoire de l’Union européenne. Le groupe d’experts, qui comprend le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT), les services météorologiques portugais (IPMA) et italien (CIMA), a été placé sous le leadership de Météo-France.

La sécurité et la coopération face aux risques de feux de forêt sont accrues en Europe grâce à la participation de Météo-France.

ADM-Aeolus : assimilation des données du lidar vent

Le satellite ADM-Aeolus a été mis en orbite le 22 août 2018, avec un lidar vent, un instrument qui diffuse un laser ultraviolet. Ce laser sert à mesurer par effet Doppler le déplacement des particules et des molécules dans les différentes strates de l’atmosphère pour ainsi évaluer précisément la force du vent. Après une phase de calibration et de validation, les équipes de Météo-France ont réussi, en juin 2020, à assimiler ces nouvelles mesures du vent dans ses systèmes de prévision numérique du temps.

En 2020, ces nouvelles données ont été déterminantes. Elles ont notamment compensé en partie l’absence des mesures de vent effectuées traditionnellement par les avions de ligne, cloués au sol par la pandémie mondiale de Covid-19. La qualité des prévisions météorologiques a pu ainsi être maintenue.

Vendée Globe : un navigateur secouru avec l’appui de Météo-France

Au cours du Vendée Globe 2020, course à la voile autour du monde et en solitaire, le navigateur Kevin Escoffier a subi une importante voie d’eau sur son bateau le 30 novembre 2020. Abandonnant son navire, il a dû se réfugier dans son radeau de survie. Dès le déclenchement de sa balise de détresse, Météo-France a lancé son modèle de dérive Mothy (Modèle océanique de transport d’hydrocarbures) pour simuler les trajectoires possibles de la balise et orienter les recherches pour localiser le navigateur.

Guidé par les informations de Météo-France et de la direction de la course, Jean Le Cam, un autre participant au Vendée Globe, est parvenu à retrouver Kévin Escoffier et à le hisser à bord, sain et sauf.

SoFog3D : une campagne pour dissiper le brouillard

La campagne expérimentale SoFog3D (SOuth westFOGs 3D experiment for processes study), débutée en 2019, s’est achevée en mars 2020. Cette campagne scientifique est dédiée à l’observation et à l’amélioration de la modélisation du brouillard. À cette occasion, Météo-France a évalué l’apport d’une version à haute résolution du modèle Arome à l’échelle hectométrique (500 m).

La connaissance et une meilleure modélisation du brouillard à petite échelle, comme sur un aéroport, représentent un atout important pour la sécurité du trafic aérien.

L’anticipation permet de mettre en alerte l’ensemble des services

Christophe Mirmand,

Préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur

Quels sont les éléments décisifs contenus dans les informations météorologiques fournies en cas de crise comme celle du mois d’octobre 2020 avec l’épisode méditerranéen exceptionnel qui a frappé les Alpes-Maritimes ?

Les éléments météorologiques qui permettent à la Zone d’agir face à un évènement pluvieux de ce type sont plus particulièrement : la zone géographique impactée, même s’il est difficile de disposer d’une précision départementale ; l’intensité des précipitations (mm/h) et la temporalité (début/fin) ; la possibilité de stationnarité et de régénération de la perturbation (épisode méditerranéen).

En quoi l’anticipation du phénomène a-t-elle orienté la mobilisation des services de l’État et quelle amélioration dans la chaîne d’alerte serait-il intéressant à mettre en place lorsqu’une telle anticipation n’est pas possible ?

L’anticipation permet de mettre en alerte l’ensemble des services de niveau zonal et de vérifier que l’échelon départemental a bien intégré des mêmes données en vue de sa préparation.

Dans un second temps l’ampleur prévisible du phénomène attendu permet de dimensionner la mobilisation préventive nécessaire au renforcement probable du département en moyens pouvant s’avérer insuffisants ou inexistants. À titre d’exemple pour ce qui concerne l’épisode d’octobre 2020, des moyens de sauvetage en eaux vives terrestres des départements périphériques ont été prépositionnés par la zone au sein même des zones sensibles. Par ailleurs, des hélicoptères de la Sécurité civile et de la Gendarmerie nationale ont été gréés avec des sauveteurs sapeurs-pompiers, et certains d’entre eux ont été rapprochés des zones d’intervention probables afin de pouvoir intervenir immédiatement. Enfin, des moyens de seconde urgence (assistance en cas d’inondations) ont été mis en préalerte afin de pouvoir prendre la route dès que nécessaire.

Lorsque l’anticipation n’est pas possible, il est important de disposer tout de même d’une prévision assortie d’un indice d’incertitude qui permet de préparer un minimum de réponse opérationnelle. Il est plus facile, au moins concernant les moyens devant être disponibles pour effectuer des sauvetages, de les mobiliser à tort plutôt que de devoir les solliciter avec un délai incompatible avec leurs missions.

D’autre part, il est également nécessaire de préciser qu’en cas d’estimation, l’évolution d’une situation, même en dehors d’un rendez-vous météo programmé, est bonne à connaître (T+2h et même T+1h), car ce temps peut être mis à profit pour procéder à une mobilisation lorsque les minutes comptent.

Enfin, en quoi une excellente communication entre les acteurs et des informations sans cesse actualisées constituent des éléments majeurs des prises de décisions dans ces circonstances ?

Elle est importante en ce sens que si la compréhension des phénomènes est partagée, les actions préventives et/ou curatives peuvent être comprises et acceptées. L’effet inverse est que chaque acteur gère la crise dans son secteur sans tenir compte des actions et des besoins des autres. Et ceci que ce soit en liaison verticale entre le niveau national, zonal et départemental ou horizontalement entre les services de l’État et les autres tiers impliqués.