Illustration Maison dangereusement proche du bord d'une falaise causé par un affaissement de terrain ©Patrick Salducci

2020,
l’année
vue par…

L’année 2020 a été marquée par une crise sanitaire qui a conduit Météo-France à s’adapter et à se mobiliser pour assurer ses missions.

À tous les échelons de l’établissement, chacun a pu témoigner de son engagement.

Virginie Schwarz - Présidente-directrice générale de Météo-France ©Météo-France

Notre fil conducteur :
le sens de l’adaptation et du service

Virginie Schwarz

Présidente-directrice générale de Météo-France

Virginie Schwarz, présidente-directrice générale de Météo-France, revient sur les moments forts de l’année 2020 :

Comment Météo-France a réussi à assurer ses missions durant la crise de la Covid-19 ?

Pendant cette période inédite pour nous tous, il a fallu à tout prix conserver un fil conducteur à notre action. Tout au long de la crise sanitaire, ce fil a été le sens de l’adaptation et du service. Nous avons été contraints de faire évoluer nos méthodes de travail, mais nous pouvons être fiers de la manière dont nous avons traversé cette épreuve. La mobilisation des agents, leur sang-froid et leur esprit de solidarité ont été exceptionnels. Dès le premier confinement, l’établissement a réussi rapidement à se mettre en ordre de marche, grâce à une véritable inventivité dans tous les métiers pour adapter nos modes de travail. Notre préoccupation constante a été de préserver la santé des agents de l’établissement et de contribuer à lutter contre la propagation du virus, tout en garantissant un service de qualité à nos partenaires et clients.

Quel bilan météorologique pouvez-vous faire de l’année 2020 ?

La tempête Alex a été un événement particulièrement marquant, et les conséquences des intempéries consécutives à son passage ont malheureusement été dramatiques dans les Alpes-Maritimes. L’anticipation de l’évènement par nos prévisions a permis la pleine mobilisation de toute la chaîne de secours et de l’ensemble des services de l’État. Cela étant, Alex ne résume pas cette année, car il y a eu, en 2020, 66 occurrences orange et rouge de Vigilance en métropole et 62 épisodes de Vigilance et 1 activation du système d’alerte cyclonique dans les territoires d’outre-mer. La mobilisation est permanente, et nous cherchons donc constamment à améliorer cette vigilance et nos dispositifs d’alerte.

Comment anticiper davantage ces épisodes extrêmes ?

Nous sommes confrontés de façon croissante à des épisodes météorologiques dangereux, dont la fréquence et l’intensité augmentent avec le changement climatique, et garantir la sécurité des biens et des personnes est notre priorité. Des modèles performants, une puissance de calcul optimale, des observations de qualité couvrant toute la surface du globe et des prévisionnistes experts sont les ressources clés de l’établissement pour assurer cette mission.

La préparation du déploiement de nos nouveaux supercalculateurs et la bascule des chaînes de prévision numérique Arpege et Arome ont été incontestablement des moments forts de l’année 2020.

Par ailleurs, il est nécessaire en matière de vigilance et de gestion des situations météo à enjeux de toujours mieux informer les autorités et le grand public. Un pas important a été franchi en 2020 grâce au lancement du nouveau site Vigilance et la mise en ligne de la carte des phénomènes dangereux J+7.

L’année 2020 a été la plus chaude jamais enregistrée depuis 1900, quel est le rôle de Météo-France dans la lutte contre le changement climatique ?

L’accélération du changement climatique est patente, et les conséquences de ce dérèglement se multiplient, y compris en France. Avec sa base de données climatiques observée et contrôlée, Météo-France fournit un diagnostic sur l’évolution du climat en France. C’est un point de départ pour sensibiliser et convaincre de l’urgence de l’action climatique. Notre activité de recherche et de modélisation climatique, au meilleur niveau international, nous permet également d’élaborer des projections climatiques qui décrivent l’évolution du climat pour les prochaines décennies selon différents scénarios socioéconomiques. À partir de ces projections, nous proposons des services climatiques qui visent à appuyer les politiques publiques et à éclairer les choix des acteurs économiques dans leur démarche d’adaptation.

En 2020, Météo-France a proposé un nouveau jeu de projections climatiques régionalisées qui vise à représenter finement les différentes évolutions climatiques possibles sur la métropole d’ici à la fin du siècle. Ces projections, disponibles sur le site Drias, apportent une information de référence, précieuse pour tous ceux qui dans les territoires réfléchissent à leurs stratégies d’adaptation.

Aussi, pour mieux faire connaître la réalité du changement climatique et donner des outils aux acteurs de l’adaptation, Météo-France a participé, en lien avec le ministère de la Transition écologique, l’Ademe et le Cerema, à la création d’un centre de ressources pour l’adaptation au changement climatique.

Quels sont les nouveaux services ou partenariats mis en œuvre en 2020 ?

Dans un contexte sanitaire contraint, les équipes de Météo-France ont concrétisé de nombreuses nouvelles actions pour répondre aux besoins de nos partenaires et clients.

Au niveau européen, l’établissement fait partie du consortium Aristotle pour mettre en place et opérer une assistance opérationnelle en langue anglaise d’estimation des impacts d’aléas naturels extrêmes à l’échelle européenne et mondiale. Nous sommes impliqués sur deux types d’aléas : les feux de forêts et les évènements météorologiques extrêmes.

Météo-France a également été en pointe pour faire aboutir la fusion tant attendue d’Aladin et d’Hirlam au sein du consortium ACCORD. Ce consortium regroupe vingt-six services météorologiques d’Europe et d’Afrique du Nord avec pour objectif de renforcer la collaboration entre ses membres en recherche et développement afin d’améliorer les modèles de prévision numérique du temps à haute résolution.

De nombreux clients nous ont accordé ou renouvelé leur confiance en 2020. Je pense par exemple au contrat de fournitures de prestations météorolo­giques dédiées à la gestion du réseau fluvial avec VNF (Voies navigables de France), pour optimiser la gestion de l’eau sur les rivières. Je peux citer aussi Orange, Enedis, EDF ou bien encore la DGITM (Direction générale des infrastructures, des transportset de la mer) comme la quasi-totalité des conseils départementaux, pour la gestion du réseau routier.

Vous avez souhaité, dès votre arrivée, engager davantage l’établissement dans la transition écologique, quels sont les premiers résultats ?

En 2020, nous avons mis l’accent sur les idées des agents en menant une consultation participative où 661 personnes de Météo-France ont pu exprimer leurs attentes, participer à la définition de l’ambition souhaitée en matière de transition écologique pour l’établissement. Cette consultation a permis de recueillir 200 propositions qui alimenteront notre futur plan pluriannuel écoresponsable 2021-2025.

De nouvelles actions concrètes ont aussi pu voir le jour, comme la mise en place d’une offre dédiée de covoiturage et l’instauration d’une indemnité kilométrique vélo pour les agents.

Patrick Ranson - Responsable adjoint du centre météorologique de Guyane ©Météo-France

Patrick Ranson

Responsable adjoint du centre météorologique de Guyane

Un fort attachement au service

« La crise Covid a eu un fort impact sur le fonctionnement de l’unité de prévision en Guyane. Elle est passée en mode semi-permanent afin de limiter les interactions entre les agents.

Comme il n’y avait pas la possibilité de faire des vacations de prévision en télétravail ou de créer un poste de travail séparé, un nouvel horaire de fonctionnement en semi-permanent a donc été aménagé afin de pouvoir intégrer les tâches de fins de nuit dans une vacation de jour.

D’un point de vue météorologique, ce début de confinement a coïncidé avec le début d’une période très pluvieuse liée à la mise en place d’un phénomène la Niña. Les précipitations ont été largement supérieures à la normale pendant toute la période de confinement et ces pluies particulièrement abondantes ont impliqué de nombreux épisodes de vigilance pluies et orages à gérer.

Ce fonctionnement inédit en semi-permanent s’est adapté aux situations météorologiques. Dans un souci de ne pas faire reposer les prises de décisions de vigilance sur les collègues de DIRAG/Prévi lors de leurs veilles de nuit sur la Guyane, les prévisionnistes de Guyane ont fait preuve d’une meilleure anticipation en lançant les vigilances plus en amont des épisodes, ce qui représentait une gageure quand on connaît les limites de la prévision numérique en atmosphère équatoriale continentale. Ce contexte difficile a montré le fort attachement au service de l’unité de prévision de Guyane ».

Katia Hryszkiewicz et Léa Corneille - Étudiantes à l’ENM ©Météo-France

Katia Hryszkiewicz et Léa Corneille

Étudiantes à l’ENM

Un réflexe d’entraide entre étudiants

Katia : « 2020 n’a pas été l’année scolaire la plus facile, que ce soit du point de vue de l’apprentissage ou humainement. L’enseignement en distanciel a rendu les cours plus passifs et forcément moins intéressants. Les examens ont donc été assez difficiles. Cependant, cela a renforcé le travail d’équipe et l’entraide entre les étudiants ».

Léa : « Nous avons développé comme un réflexe d’entraide entre nous, car bien qu’il y ait eu des projets et des exposés à faire en groupe, il n’y en a pas eu plus que les autres années. Cette forte entraide allait au-delà des projets proposés. Certes, les cours étant parfois difficiles à suivre, nous n’avons pas hésité à motiver et aider nos camarades, ou inversement à se rapprocher de ceux-ci si nous avions des questions.

En septembre, nous avons aussi eu droit à trois semaines intenses d’intégration au cours desquelles nous avons pu tisser des liens forts avec nos camarades puisque nous étions organisés en équipes. Cela a énormément facilité la cohésion que nous avons au sein de la classe, elle a été essentielle ».

 

Nathalie Bargerie - Responsable division Prévision, région Sud-Ouest ©Météo-France

Nathalie Bargerie

Responsable division Prévision, région Sud-Ouest

Une formidable coopération

« 2020 a été une année complètement atypique concernant le fonctionnement de la prévision en raison de la crise sanitaire. Lors du premier confinement, face à l’urgence, les activités ont été très rapidement réorganisées puisque la priorité était de préserver la santé de tout le monde, tout en assurant la continuité du service. Mais pour la première fois, nous avons réduit l’activité de prévision opérationnelle en veillant à établir des priorités. Nous avons dû hiérarchiser les tâches et les fonctions. Dans le même temps, nous avons maintenu un contact avec les agents de l’équipe qui étaient contraints de rester chez eux. Conserver ce lien humain entre nous était indispensable et, de fait,la communication interne a été assez intense durant cette crise et particulièrement durant le premier confinement. J’ai, par exemple, fait des points quotidiens durant les premières semaines. C’était une façon de conserver cet esprit d’équipe, cette solidarité qui nous anime.

En pratique, les CPR (Chefs prévisionnistes régionaux) ont continué à tenir leur poste sur site compte tenu notamment de leur rôle en matière de vigilance, aidés à distance par des collègues ; a contrario, nous avons dû limiter la prévision amont régionale. Concernant la prévision conseil, nous avons mis en œuvre des solutions innovantes avec la télé-prévision conseil à destination de clients commerciaux, en lien avec les collègues commerciaux et la DSM (Direction des services météorologiques). Plusieurs prévisionnistes ont été volontaires pour travailler chez eux dans des conditions peu confortables. Oublié le poste de travail du prévisionniste avec ses multiples grands écrans : là, ils ont travaillé sur un ordinateur portable ou personnel et des débits Internet variables.

Ce que je retiens de cette période inédite, c’est la grande synergie, la formidable coopération sur le plan régional et national.

2020 a été une année intense, parfois éprouvante, mais très riche humainement. C’est ce qui réconforte dans une situation de crise, et aide à faire face aux difficultés et à aller de l’avant ; le lien humain reste bien présent ».

Paysage légèrement valloné ©Eddy Duluc
Patrick Thaviot - Direction des systèmes d’observation - Zone Île-de-France Centre Nord ©Météo-France

Patrick Thaviot

Direction des systèmes d’observation - Zone Île-de-France Centre Nord

Dès la fin de l’été, tout est redevenu normal

« À la maintenance à Orly, globalement, le premier confinement n’a pas été si compliqué que ça à gérer. La DSO (Direction des systèmes d’observation) a mis en place un rythme d’une personne par jour à Orly pour pouvoir faire du dépannage des instruments de la plateforme de l’aéroport. Les tableaux de service ont été chamboulés. Nous avons limité les interventions uniquement au correctif à Orly. Nous étions là, mais il n’y a pas eu de casse, de panne. Il faut dire que la météo a été très favorable pendant le premier confinement. En plus, le trafic était quasi nul. Mais il fallait tout de même maintenir nos équipements en cas de déroutement des avions destinés à Roissy. Le déconfinement a été plus compliqué à gérer. Nous sommes revenus à une situation presque normale en termes de trafic, mais nous étions deux agents par jour, mais chacun avec nos missions. L’un était chargé des interventions préventives et correctives sur Orly et l’autre sur toutes les autres stations dont nous avons la charge, régions Île-de-France Sud et Centre Nord. Toutes les actions préventives sur les stations, qui sont programmées tous les mois, ont été en stand by pendant le premier confinement et il a donc fallu les rattraper. Nous avons réussi à le faire assez vite et dès la fin de l’été, tout est redevenu normal ».